
J’ai maintes fois repris ce même point de vue sur le marché qui change tout le temps. Il regorge d’événements qui rendent le dessin imprévisible.
Cette fois c’est un homme qui se plante devant moi sur le côté gauche pour attendre sa femme. Il me cache une partie des étalages de vendeurs. Je me résous enfin à le dessiner. Le rose que j’ai choisi pour son visage me plait.
À la fin il aperçoit sa femme. Il la soulage de ses courses. Elle marche avec peine, voûtée, en s’appuyant sur une béquille. Lorsque qu’elle passe à ôté de moi son mari a déjà décampé.
Je l’interpelle : – Madame ! j’ai dessiné votre mari !
Elle continue sa marche.
– Vous ne voulez pas le voir ?
Elle revient sur ses pas et regarde hâtivement mon dessin.
– Il s’est placé devant moi et il n’a plus bougé.
– Je sais qu’il n’a plus bougé.